+ - Quels sont les aspects psychologiques de la chirurgie plastique
Les mécanismes psychologiques mis en jeu, lorsque l’on envisage une intervention de chirurgie plastique, doivent être bien connus. La chirurgie plastique a en effet un retentissement psychologique important. Lorsque la gestion psychologique de la patiente est combinée à une bonne intervention chirurgicale, l’amélioration physique et psychologique est habituellement majeure. Par contre, si dans certains cas, les mécanismes psychologiques de la chirurgie plastique ont été négligés, cela peut conduire à une insatisfaction, même en cas de résultat objectif satisfaisant. Il est donc impératif que Chirurgien Plasticien et patiente aient bien conscience des aspects psychologiques de la Chirurgie Plastique.
Améliorer votre image corporelle avec la Chirurgie Plastique
Nous avons tous une image corporelle propre, c’est-à-dire une perception que l’on a de nous-mêmes, et de la façon dont nous croyons être vus par les autres. Les personnes qui sont satisfaites de leur image corporelle ont plus de chance d’être confiantes en elles-mêmes, efficaces au travail et dans les situations sociales, et à l’aise dans leurs relations avec les autres. Celles qui sont insatisfaites de leur image ont plus tendance à avoir peu confiance en elles, à être inhibées, et être moins efficaces dans leurs activités. La Chirurgie Plastique, qu’elle soit esthétique ou reconstructrice, peut encourager, et aider à développer une image corporelle propre valorisante et positive. Même un petit changement corporel extérieur peut créer un important changement intérieur, autorisant l’épanouissement et la confiance en soi. D’autre part, les changements résultants de la chirurgie plastique peuvent être marqués, et sont habituellement permanents. Aussi, il est important que vous compreniez bien et appréhendiez bien ces changements avant que l’intervention ne soit programmée. Cet article vise à vous apporter les bases pour comprendre les aspects psychologiques mis en mouvement lors d’une intervention de chirurgie plastique. Ce document ne peut répondre à toutes vos questions, car chaque personne est bien-sûr unique et a sa propre histoire. Il ne faut pas hésiter à nous interroger si vous avez la moindre question à propos des aspects psychologiques, ou des effets secondaires d’une intervention que vous souhaitez planifier. N’hésitez pas à nous rencontrer une nouvelle fois en consultation si vous avez une question, ou un doute, par rapport à un aspect psychologique en jeu pour votre intervention.
Candidats appropriés pour la chirurgie Plastique
Avant de pouvoir bénéficier d’une intervention de chirurgie plastique, vous devez être honnête avec vous-même, et vous posez des questions simples : Pourquoi est-ce que je veux exactement avoir une chirurgie plastique ? Quels sont mes buts pour cette chirurgie plastique ? Qu’est-ce que j’attends finalement de cette chirurgie plastique ? Ma demande est-elle bien sincère, personnelle, et profonde ?
On peut globalement identifier 2 grandes catégories de personnes qui sont de bons candidats pour la chirurgie plastique :
- La 1ère catégorie comprend les personnes qui ont une forte image d’elle-même, qui sont simplemment gênées par des caractéristiques physiques qu’elles n’apprécient pas, ou qu’elles veulent simplement améliorer, ou changer. Après la chirurgie plastique, ces personnes se sentent habituellement mieux, et sont satisfaites du résultat. Elles maintiennent une image positive d’elle-même, qui en est habituellement encore renforcée.
- La 2nde catégorie est représentée par les personnes qui ont un déficit physique ou esthétique associé à une faible estime d’elle-même. Ces personnes peuvent progressivement améliorer leur estime après la chirurgie plastique, mais cela peut prendre du temps. Progressivement, une fois que le travail d’ajustement est réalisé, ces patientes peuvent trouver leur image renforcée, de façon parfois importante, surtout si un travail de renforcement de l’estime de soi a été réalisé en parallèle ++ (chirurgie plastique et prise en charge psychologique se renforcent l’une et l’autre ++). Pour que la chirurgie plastique puisse entrainer ce changement favorable à la fois physique et psychologique, il faut que votre demande soit sincère, personnelle et profonde. Si vous souhaitez avoir de la chirurgie avec le désir d’influencer un changement chez quelqu’un d’autre que vous-même, vous risquez fortement d’être déçue. Il est dans certains cas possible que d’autres personnes, comme votre compagnon, répondent favorablement à un changement d’apparence et de confiance en vous, toutefois il faut comprendre et accepter que la chirurgie plastique ne pourra pas entrainer des changements d’une autre personne que vous-même.
Candidats inappropriés pour la chirurgie plastique
Tout le monde n’est pas un candidat approprié pour bénéficier d’une chirurgie plastique, même si la personne présente effectivement une excellente indication physique et morphologique pour l’intervention.
Habituellement les plasticiens expérimentés, lors des consultations préopératoires, peuvent identifier assez rapidement les patients qui sont perturbés. Dans certains cas cela peut être difficile, et les choses peuvent alors être complexes après l’intervention. Le Chirurgien Plasticien peut donc refuser d’opérer s’il pense que l’intervention ne vous aidera pas +++. Dans d’autres situations, le Chirurgien Plasticien peut accepter de vous opérer, mais seulement après vous avoir recommandé de voir, avant l’intervention, un psychologue ou un psychiatre réalisant des psychothérapies, de façon à avoir une meilleure prise en charge globale, à la fois physique et psychologique.
Certaines situations ne sont pas considérées comme de bonnes indications à la réalisation d’une chirurgie plastique :
- Les patientes en crise, suite à un divorce récent, au décès récent du conjoint, ou à la perte de leur emploi. Toutes ces situations nécessitent un travail de deuil ++ ; parfois les patientes consultent pour parler de ce deuil, et l’on parle du syndrome du « corps-écran », c’est-à-dire que la patiente parle de son physique pour parler de son besoin inconscient d’une aide bienveillante. Ces patientes ne peuvent pas atteindre le but recherché, car un changement d’apparence n’est pas la solution à leur problème, elles doivent d’abord finir leur travail de deuil et d’élaboration de la crise existentielle qui va avec. Il faut, dans ces cas, « laisser du temps au temps » et conseiller une prise en charge psychologique première.
- Les patientes avec des attentes non réalistes, ou celles qui insistent pour avoir un nez d’une personne connue ; ou celles qui veulent retrouver leur « perfection » originelle avant un accident important, ou une maladie sévère (« je veux retrouver exactement le sein que j’avais avant mon cancer ») ; ou les patientes qui souhaitent retrouver la jeunesse qu’elles avaient plusieurs décades auparavant, ce qui n’est, bien sûr, pas possible.
- Les patientes qu’il n’est pas possible de satisfaire comme les personnes qui consultent chirurgien après chirurgien, attendant exactement la réponse qu’elles veulent entendre ; ces patientes espèrent une solution à un problème, qui au départ n’est pas physique mais correspond plus profondément à un malaise intime, qu’il faut traiter par une prise en charge psychologique.
- Les patientes qui sont obsédées par un tout petit défaut, et qui croient que lorsque celui-ci sera corrigé, leur vie sera parfaite. Les patientes perfectionnistes doivent comprendre que la chirurgie plastique ne pourra pas atteindre précisément leur but, et qu’elles risquent fort d’être déçues.
- Les patientes qui ont une maladie mentale (un comportement paranoïde, ou délirant) sont également de mauvaises candidates à la chirurgie plastique. Dans certains cas il est possible d’accepter de réaliser une chirurgie réparatrice comme une réduction mammaire chez une patiente avec une pathologie mentale comme une schizophrénie, mais cette prise en charge chirurgicale ne peut se faire qu’après une prise en charge psychiatrique rapprochée, réalisée avant, pendant, et après l’intervention par un psychiatre référent, et acceptant cette charge de suivi (travail multidisciplinaire), et le projet thérapeutique.
Consultation
La consultation préopératoire représente une étape fondamentale de la prise en charge de la chirurgie plastique. Elle permet de bien visualiser la situation, de fixer les objectifs à atteindre, et les moyens thérapeutiques à mettre en œuvre. Vous avez votre responsabilité, en faisant en sorte de bien préparer cette consultation (Cf Chapitre « Comment préparer ma consultation ? »). Il est important de bien remplir le questionnaire médical qui vous a été adressé avant l’intervention, car ce questionnaire permet de faire le tour de votre situation médicale, et de vos antécédents. Durant la 1ère consultation, le Chirurgien Plasticien attend de vous des réponses précises et honnêtes : la façon dont vous percevez votre apparence, comment vous croyez que les autres vous voient, comment vous préféreriez être ou vous sentir, par exemple. Durant cette 1ère consultation l’honnêteté avec vous-même et avec votre plasticien est essentielle. Il est important que vous vous exprimiez simplement et complètement sur comment vous vous sentez, et ce que vous attendez des changements liés à l’intervention chirurgicale. Il est souhaitable qu’à la fin de la consultation le Chirurgien Plasticien et la patiente se soient bien compris sur les buts à atteindre. Si vos buts, concernant la chirurgie plastique désirée, ne sont pas clairement exprimés au chirurgien, il est en effet possible que vous ne soyez pas satisfaite du résultat. Il est en effet essentiel que demande et résultat potentiel de la chirurgie se correspondent bien.
Une deuxième consultation est fréquemment indiquée. Elle permet de répondre à toutes vos questions, et permet de vérifier que le Chirurgien Plasticien et la patiente se soient bien compris. Elle permet également de vérifier les autres aspects médicaux, et de signer les consentements éclairés, qui témoignent de la qualité de l’information donnée à la patiente.
Timing de l’intervention
Il est important de bien choisir le timing de l’intervention, car les interventions de Chirurgie Plastique peuvent ajouter un stress supplémentaire s’ajoutant à celui que vous subissez de façon habituelle, que ce soit au niveau corporel ou au niveau psychique ; il est important que la chirurgie plastique soit programmée à un moment où vous n’avez pas d’autre stress exceptionnel, physique, émotionnel, ou dans votre travail. Pour être sûr que vous soyez émotionnellement préparée à la chirurgie plastique, le Chirurgien Plasticien peut vous poser des questions personnelles sur votre relation avec les autres, votre vie à la maison, votre vie au travail, ou d’autres sujets privés. Encore une fois, la vérité est essentielle. En général, la chirurgie plastique ne devrait pas être programmée durant une période difficile, s’accompagnant de grandes perturbations émotionnelles. Les patientes qui bénéficient de chirurgie à un moment où elles sont préoccupées, ou perturbées, par d’autres sujets peuvent avoir une période de récupération plus longue et plus difficile, qui peut pénaliser le résultat subjectif final (mécanisme psychologique de déplacement).
Adaptation au changement
L’adaptation au changement peut prendre un certain temps. Ce temps est nécessaire avant que vous ayez récupéré émotionnellement de la chirurgie plastique, et que vous soyez adaptée complètement au changement. Ceci est particulièrement vrai si l’intervention dont vous avez bénéficié a changé de façon significative votre image corporelle. Ceci est donc particulièrement vrai pour une chirurgie mammaire, une chirurgie du nez, ou une autre intervention qui engendre un grand changement corporel, comme une chirurgie faciale. Cette période d’adaptation peut prendre plusieurs semaines, voire dans certains cas plusieurs mois, et ceci est parfois difficile à gérer par la patiente, d’autant que le résultat morphologique final lui-même peut nécessiter également plusieurs mois pour être acquis. On comprend bien l’importance d’avoir une bonne maturité psychique pour pouvoir faire face à ces adaptations au changement. Parfois, plusieurs consultations post-opératoires sont nécessaires pour aider dans ce travail d’adaptation, conduisant progressivement à la satisfaction.
Soutiens dont vous avez besoin
Il est essentiel d’avoir quelqu’un de bienveillant qui puisse vous aider pendant la période postopératoire. Cette aide peut être pour vous aider matériellement dans la période postopératoire, mais également pour vous aider psychologiquement durant la période de récupération postopératoire. Un soutien bienveillant est ainsi fondamental, et nous conseillons de trouver cette personne bienveillante et de lui faire lire le chapitre « comment aider un proche à bénéficier d’une chirurgie plastique et esthétique ? ». Même les personnes les plus fortes et les plus indépendantes nécessitent un soutien psychologique après chirurgie plastique (« on a tous besoin d’Amour ! »).
Souvenez-vous que pendant la 1ère semaine postopératoire, vous aurez des jours où vous vous sentirez légèrement déprimée, vous paraitrez gonflée, ecchymotique, et parfois peu visible, notamment après une chirurgie de rajeunissement facial. Faites-en sorte de choisir une personne de confiance qui pourra vous apporter cette « neutralité bienveillante » . Cette personne vous apportera le soutien adapté. Inversement, faites-en sorte de décliner gentiment l’aide de personnes qui pourraient être critiques par rapport à votre décision de chirurgie plastique, ou celles qui pourraient être troublées de façon excessive par votre aspect gonflé ou ecchymotique transitoire. Il faut aussi que vous gardiez à l’esprit qu’il n’est pas inhabituel que des relations amicales, de la famille, voire votre médecin traitant, disent des phrases de la sorte : « je te préférais avant la chirurgie plastique », ou « tu n’avais pas réellement besoin de chirurgie plastique », ou « qu’est-ce que tu es allée faire cela ? ». Ces commentaires, peu empathiques, correspondent rarement à de la méchanceté, mais plutôt à des pulsions agressives inconscientes. Ils peuvent causer une impression de regret, ou de doute, auquel vous serez particulièrement sensible durant la phase initiale de récupération postopératoire, qui est aussi la phase de mise en place de la satisfaction. Si cela est le cas, Faites confiance sur le soutien de la personne bienveillante que vous avez choisie, et n’hésitez pas à revoir votre chirurgien pour vous aider pendant cette éventuelle période difficile. Essayez de vous focaliser sur les raisons initiales qui vous avaient décidé à bénéficier de cette chirurgie plastique, et essayez de voir les objectifs et l’amélioration que vous avez déjà obtenue, et qui va encore apparaitre après les suites postopératoires. Dans le cas de la reconstruction mammaire, il faut savoir qu’il faut souvent du temps pour s’habituer au sein reconstruit, et qu’il existe fréquemment une période d’ambivalence (« est-ce que j’ai bien fait de me faire reconstruire ? ») de plusieurs mois, expliquant que la pleine satisfaction de la patiente ne survient qu’après cette période, qui peut être plus ou moins longue selon les patientes et suivant le stade de deuil où elles en étaient. L’entourage médical, familial, et amical, lorsqu’il est bienveillant, représente un réel soutien pour les patientes et joue un rôle important dans cette période où la patiente a besoin de réassurance. Parler avec d’autres femmes ayant subi cette intervention précédemment, ou avec un psychologue peut également aider la patiente à exprimer et à gérer ses émotions. Il est en effet important de savoir, en chirurgie réparatrice du sein, que l’intervention de reconstruction a un véritable effet psychothérapeutique, et peut réactiver des difficultés psychologiques que la patiente avait ressenties lors de la mastectomie, et qui s’étaient « enfouies », et ressurgissent à ce moment (effet psychothérapeutique). Il ne faut pas se culpabiliser de ces émotions, mais plutôt bien les exprimer (avec ou sans l’aide d’un psychologue, mais toujours avec l’aide d’une personne bienveillante, car il s’agit d’une chance de les gérer plus positivement et de tourner la page pour passer à une période plus favorable pour vous).
Faire face à la dépression postopératoire
Après une Chirurgie Plastique, certaines patientes peuvent avoir un léger sentiment de malaise ou de mal-être. Dans certains cas, des patientes peuvent ressentir une véritable dépression postopératoire, et cela peut être constaté notamment après une chirurgie de rajeunissement facial, si la personne est insuffisamment accompagnée et entourée, ou si elle avait une légère dépression sous-jacente qui avait été sous-estimée. Habituellement, il faut environ 3 jours pour récupérer du traumatisme chirurgical, mais votre nouvelle apparence postopératoire n’a pas encore commencé à s’améliorer à ce stade, et vous subissez pendant encore quelques jours des contraintes postopératoires.
Suivant l’intervention chirurgicale, ce désagrément postopératoire peut durer de quelques jours à quelques semaines (voir le chapitre « Quelles soins et suites postopératoires ? »). Ce malaise émotionnel peut être causé par le stress, des changements métaboliques, ou la frustration d’attendre que le résultat apparaisse. Ce malaise peut être spécialement marqué pour les patientes qui bénéficient d’interventions à plusieurs étapes, et qui doivent s’adapter aux images intermédiaires jusqu’au résultat final de la dernière étape de la chirurgie.
Les patientes les plus vulnérables à la dépression postopératoire sont celles qui ont une histoire personnelle de dépression, ou celles qui sont déjà légèrement déprimées avant la chirurgie. Il est donc fondamental que les patientes à tendance dépressive le signalent bien, et puissent se faire accompagner par leur médecin traitant, ou/et par un psychiatre, qui pourraient les voir avant l’intervention, et surtout les revoir facilement si un syndrome dépressif s’installait. Bien connaitre ce que l’on doit attendre de la période postopératoire peut également aider à mieux appréhender cette période et de mieux se préparer, et c’est bien l’intérêt de ce site internet (que l’on a voulu pratique et détaillé), de vous donner tous les renseignements permettant de bien vous préparer à la chirurgie plastique. Il est utile de se souvenir que ce malaise émotionnel disparait habituellement naturellement au bout d’environ 1 à 2 semaines. Le fait de marcher +++ et de reprendre ses activités extérieures peut aider à récupérer très rapidement. Si vous avez un petit coup de blues postopératoire plus durable, il est utile d’en parler au médecin traitant, sans culpabiliser, afin qu’il puisse vous aider avec bienveillance, à la fois psychologiquement, et éventuellement par la prescription de médicaments stimulants.
Gérer les critiques
Les résultats de votre Chirurgie Plastique vont probablement susciter des commentaires de vos amis et membres de votre famille, voire parfois de votre médecin traitant (cela se voit parfois, surtout s’il n’était pas favorable à la chirurgie, et que vous êtes allé contre son avis). Ces commentaires ne sont habituellement pas tous positifs (« peau de banane », souvent inconsciente). Si vous avez bénéficié d’une intervention purement esthétique, vous pouvez être critiquée pour avoir été frivole, surtout si la personne a senti votre ambivalence (lire le chapitre « La Chirurgie Plastique est-elle encore tabou? »). Si vous avez eu une intervention changeant un trait ethnique, vous pouvez être accusée de dénier votre héritage culturel. Si vous avez changé un trait familial, préparez-vous à avoir des remarques surprenantes, ou désapprouvant le geste dont vous avez bénéficié. Vous pouvez même avoir des remarques désobligeantes d’amis très proches, ou de membres proches de votre famille (comme vos parents ou votre sœur), qui peuvent être dérangés par votre nouvelle apparence améliorée (phénomène de rivalité fraternelle, ou de jalousie larvée, sentiments bien naturels, beaucoup plus répandus qu’on ne le croit). Il peut être utile de se préparer à ces phrases déroutantes en s’armant avec une réponse assez standard aux critiques postopératoires comme « C’est quelque chose que j’ai fait pour moi-même, et je suis très contente de l’avoir fait ». Il ne faut vexer personne, mais fermer la discussion qui va sur un terrain malsain ; et il serait alors malvenu, voire inconvenant qu’elles insistent dans cette démarche, qui deviendrait alors malveillante. Dans ce cas, mieux vaudrait ne pas les voir durant cette période postopératoire. Souvenez-vous que si vous êtes contente du résultat de la Chirurgie Plastique, alors l’intervention sera vraiment un succès et vous apportera beaucoup dans votre vie personnelle et dans votre bien-être. La plus grosse récompense pour nous est de vous voir satisfaite, et de vous voir épanouie et rayonnante. En cas de difficulté, n’hésitez pas à revenir vers nous pour qu’on évalue les phénomènes en jeu perturbants votre satisfaction, et que nous puissions vous aider à reprendre le chemin vous menant à la satisfaction finale.
+ - Quelques « Slogans » pour m’aider à passer le cap de la chirurgie plastique
Vous êtes maintenant prête pour l’intervention :
« J’ai bien réfléchi à l’intervention. Ma demande est bien personnelle, sincère et profonde. »
« Je suis motivée pour cette intervention et j’ai bien compris les avantages et inconvénients de l’intervention. »
« J’ai confiance dans le Docteur Delay pour réaliser au mieux l’intervention de Chirurgie Plastique, que je souhaite profondément. »
Mais vous êtes encore stressée avant l’intervention (surtout les jours avant l’intervention, car celle-ci s’approche). Sachez que cela est normal, et que la plupart des patients vivent ce phénomène. D’autre part, il est normal de ressentir cette sensation de stress avant une intervention chirurgicale ; et c’est plus spécialement le cas avant une intervention de Chirurgie Plastique Esthétique, qui est une intervention plus ou moins tabou, et souvent non strictement indispensable pour la santé à court terme (d’où ce sentiment d’ambivalence, et parfois de légère culpabilité).
Quelques « slogans » peuvent vous aider à passer le cap. Ils m’ont été rapportés par des patientes. Ils correspondent à des phrases intimes que les patientes ont créées pour s’aider psychologiquement à passer le cap de la Chirurgie Plastique. Chaque patiente peut bien-sûr créer son propre « slogan ». Voici quelques exemples qui m’ont été rapportés par des patientes, et pour lesquelles ces phrases ont été utiles dans leur économie psychique intime, juste avant l’intervention, afin de se rassurer:
Les jours avant l’intervention :
« Je suis bien motivée, tout va bien se passer »
« Tout va bien se passer, je suis en confiance avec le Dr DELAY »
« Je me sens bien accompagnée, bien conseillée, je serai bien opérée »
Pour conforter son choix : « le Dr DELAY, parce que je le vaux bien ! » !.
Juste avant l’intervention :
« Tout va bien se passer »
« Le Dr Delay va prendre soin de moi »
« Tout va bien se passer, je suis confiante dans le Dr Delay »
« Je suis bien accompagnée, bien conseillée, je serai bien opérée »
« Je me détends, je respire profondément et je me laisse aller ».
Vous pouvez reprendre une de ces phrases, et vous l’approprier ; et l’accompagner d’exercices de relaxation plusieurs fois par jour les jours avant l’intervention, et juste avant l’intervention lorsque le stress monte un peu. Pratiquez 4 à 5 cycles de respiration profonde, bloquez la respiration, soufflez lentement par la bouche comme pour déplacer la flamme d’une bougie sans l’éteindre, et parlez-vous intérieurement avec bienveillance, en répétant des slogans comme « Tout va bien se passer, le Dr Delay va prendre soin de moi ».
+ - Comment aider un proche à bénéficier d’une intervention de chirurgie plastique?
La chirurgie plastique apporte beaucoup à ceux qui en bénéficient. Mais le poids sociétal, et les facteurs psychologiques en jeu, font qu’il n’est pas si facile que ça d’appréhender sa consultation en Chirurgie Plastique, l’intervention chirurgicale, et les suites post-opératoires ; d’autant qu’il peut y avoir une certaine ambivalence liée à la peur de l’intervention, ou de l’anesthésie. Une aide d’un proche bienveillant est importante dans cette période. Le but de cet article est d’expliquer comment aider un proche, qui souhaite vraiment une intervention de Chirurgie Plastique.
La Chirurgie Plastique est une chirurgie à forte implication personnelle et psychologique. La demande de Chirurgie Plastique est parfois considérée comme futile ou superficielle par ceux qui sont mal ou peu informés, ou qui ont des préjugés négatifs sur ce sujet. La réalité pratique et factuelle est très différente et, au contraire, décider de bénéficier d’une intervention de Chirurgie Plastique est une démarche personnelle très sérieuse et importante qui, pour être couronnée de succès, doit être sincère, personnelle et profonde.
Il est important de souligner qu’il existe souvent l’ambivalence suivante dans la démarche de la personne : « j’ai très envie de le faire mais j’ai peur ». Face à cette crainte l’entourage proche est souvent sollicité pour accompagner et soutenir. Dès lors, il est intéressant et important de se demander : quelle est la meilleure attitude adopter pour aider la personne demandeuse d’une Chirurgie Plastique ? (que ce soit le conjoint, un parent ou un ami)? C’est en effet une preuve de confiance que la personne vous donne, en vous demandant de l’aider dans sa démarche si intime et personnelle ; et il vous appartient alors d’être à la hauteur de cette confiance, en mettant tout en œuvre pour l’aider positivement.
Notre expérience nous a appris que la meilleure attitude est la « neutralité bienveillante » (« Je t’aime comme tu es ; mais si cela est important pour toi, je t’accompagnerai dans ton projet », « je serai là, et t’aiderai après l’intervention »). Cette attitude permet à la personne demandeuse de bien construire sa demande tout en étant renforcée narcissiquement. « Neutralité bienveillante » ne signifie pas neutralité dans le sens « Fais comme tu veux, c’est toi qui décides ! » mais signifie au contraire soutien, engagement et implication. L’implication adaptée (« J’écoute et comprends ta demande ») permet le partage et la rencontre, et renforce la personne qui se sent comprise dans sa part la plus intime.
Dans le terme « neutralité bienveillante » c’est le mot bienveillant qui est fondamental. Le mot neutralité permet juste de rappeler que c’est la demande intime de la personne qui doit être au centre du processus, et rappelle la nécessité du proche de ne pas faire passer ses propres envies ou désirs (« J’aimerais que tu aies des plus gros seins » par exemple) ou encore ses propres craintes en priorité (« J’ai peur que tu aies un problème » ou « Pourquoi chercher des problèmes quand on n’est pas malade ? »…). La personne doit se sentir autonome et libre dans sa décision, mais accompagnée avec bienveillance c’est-à-dire avec empathie et chaleur, et non avec froideur et détachement.
Si « le proche bienveillant », qui a été choisi, est hostile à la demande de Chirurgie Plastique, il doit le dire honnêtement et en parler avec la personne demandeuse. Par la parole, les choses peuvent être élaborées, et une position de « neutralité bienveillante » trouvée progressivement, ou alors la personne devra choisir une autre personne de soutien (pour éviter des pulsions agressives inconscientes, se manifestant par des paroles mal-adaptées, qui pourraient perturber la personne, dans cette période si importante pour elle). Dans certains cas, une tierce personne ou un avis psychologique permettent d’aider à trouver cette bonne distance. Très souvent, le proche hostile est le conjoint, les parents (pour les adolescents ou les jeunes adultes), voire dans certains cas le Médecin traitant. Cette hostilité traduit souvent seulement de l’inquiétude (« Je t’aime tellement que j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose ») et cela peut être élaboré et apprivoisé par une consultation avec un chirurgien expérimenté avec lequel on se sentira particulièrement en confiance. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à accompagner la personne (si elle le souhaite, bien-sûr) pour consulter le chirurgien, surtout si la personne a besoin d’être rassurée. Le sérieux du chirurgien et la qualité de la consultation permettent souvent de rassurer et expliquer. Il est à noter que c’est parfois à la personne qui est demandeuse de Chirurgie Plastique qu’il revient d’amener avec doigté et subtilité le proche hostile vers la position souhaitée de « neutralité bienveillante » ; cela peut paraître paradoxal, mais cette démarche est importante, car cette position équilibrée et bienveillante est utile et nécessaire pour pouvoir bénéficier au mieux des bienfaits apportés par la Chirurgie Plastique.
Après l’intervention, cette attitude de « neutralité bienveillante » reste, et sera également très importante, car, après l’opération, le patient subit les contraintes postopératoires, sans avoir encore les aspects positifs du résultat, et a besoin d’être accompagné avec beaucoup de gentillesse, de bienveillance, de renforcement narcissique (« C’est très joli », « Ca va être très bien ») et d’amour (« Je t’aime »).
Finalement, la chirurgie plastique et esthétique se situe au cœur de l’essentiel des valeurs et des sentiments comme le respect de soi, le respect des autres, l’attachement et la bienveillance à ses proches, et bien entendu l’amour. Ce moment particulier d’une intervention de Chirurgie Plastique est une bonne occasion de montrer son attachement à l’autre, en l’accompagnant et en l’entourant de toute sa bienveillance.
+ - Faut-il arrêter de fumer avant et après une intervention de chirurgie plastique?
L’arrêt du tabac est impératif un mois avant et un mois après une intervention de Chirurgie Plastique car le tabagisme peut entrainer des complications cicatricielles majeures, voire de véritables nécroses tissulaires (par exemple une nécrose aréolaire en cas de réduction mammaire). Aussi, l’arrêt du tabac est vraiment impératif un mois avant l’intervention. N’hésitez pas à en parler à votre chirurgien et à vous faire aider auprès d’un tabacologue pour l’arrêt de ce tabagisme.
Le tabagisme est un véritable problème de santé publique en France, puisque ce tabagisme est responsable d’environ 80 000 morts par an (pour mémoire les accidents de la route représentent 3300 morts par an). Le tabagisme constitue un problème important en période péri-opératoire car il peut entrainer des complications non négligeables faisant suite à la chirurgie, et du fait de la combinaison du tabagisme avec une chirurgie plastique.
Par ailleurs, lorsqu’on consulte pour une chirurgie plastique, c’est pour améliorer sa qualité de vie, et l’on sait que l’arrêt du tabac entrainera à long terme, une amélioration importante de la qualité de vie. Il est donc logique d’arrêter le tabagisme, pour des raisons de sécurité de l’intervention mais également de qualité de vie à long terme.
Eléments nocifs du tabac
La fumée du tabac est composée de près de 4000 substances toxiques donc 4 sont principalement en cause en chirurgie plastique : le monoxyde de carbone, la nicotine, le monoxyde d’azote, et l’acide cyanhydrique. Ces différentes substances diminuent la vascularisation tissulaire, et augmentent l’hyperviscosité sanguine aboutissant à des phénomènes d’obstruction des vaisseaux. La nicotine a, par ailleurs, un rôle de vasoconstriction sur les vaisseaux, et diminuent d’environ 30% le calibre des vaisseaux. Lors d’une chirurgie plastique, surtout avec décollement cutané, on a besoin de toute la vascularisation pour assurer la survie des lambeaux cutanés, et il est aisé de comprendre que les gens qui fument augmentent leurs risques de complications.
Risques encourus
Le tabagisme est à l’origine de nombreux problèmes, à la fois chirurgicaux, mais aussi généraux, qui peuvent allonger les durées d’hospitalisation du fait de complications. En effet, le tabagisme peut favoriser des infections et favoriser des nécroses tissulaires notamment, lorsqu’il y a des décollements tissulaires importants (comme les abdominoplasties, les réductions mammaires, les cures de ptose, les reconstructions mammaires, ou le lifting cervico-facial). Le tabagisme peut également augmenter le risque de complications en cas de mise en place de matériels prothétiques comme des prothèses mammaires. Enfin, du fait de la diminution de la vascularisation, les greffes prennent moins bien, notamment la greffe de tissu adipeux lors du lipomodelage du sein.
Recommandations
La Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique (SOFCPRE), en accord avec la Société Française d’Anesthésie Réanimation, recommande un arrêt systématique du tabac un mois avant et un mois après l’intervention. Pour cela, il est souhaitable de se faire aider d’un tabacologue ou d’un addictologue. Si vous fumez, parlez-en à votre chirurgien et à votre médecin traitant. Votre médecin traitant pourra vous aider initialement par la prescription d’un substitu nicotinique, qui devra être complètement arrêté avant l’intervention car la nicotine a un effet vasoconstricteur qui peut également participer aux complications. L’arrêt du tabac et de la nicotine devra être complet pour l’intervention. Le jour de l’intervention, en cas de doute, un test de dépistage pourra être demandé et en cas de positivité, l’intervention pourra être annulée par le chirurgien.
Vous pouvez rencontrer un addictologue ou un tabacologue à la Clinique Charcot (allez sur le site de la clinique pour trouver les coordonnées clinique-charcot.fr). Concernant l’utilisation de la cigarette électronique, la Haute Autorité de Santé a émis un avis constatant que les données connues sur l’efficacité et l’innocuité de la cigarette électronique étaient insuffisantes pour la recommander dans le sevrage tabagique. Cependant, nous encourageons les patientes, qui ne pourraient pas trouver une autre solution, à l’utilisation de la cigarette électronique sans nicotine, qui peut être une solution transitoire avant un arrêt complet de la cigarette.
Sous-évaluation du tabagisme
Parfois, la crainte du patient que le chirurgien refuse l’intervention, ou par honte, certains patients ne déclarent pas leur tabagisme lors de la consultation préopératoire. Il peut s’agir également d’adolescentes, qui n’osent pas dire devant leurs parents qu’elles fument. Il s’agit d’un phénomène difficile à évaluer mais qui peut être potentiellement grave pour les patients.
Sentez-vous libre d’en parler discrètement à votre chirurgien et de vous faire aider pour absolument arrêter le tabagisme un mois avant l’intervention et un mois après et, si possible, définitivement pour votre santé et votre beauté futures (le tabagisme fait vieillir et pour mémoire, une étude sur des jumelles vraies a montré qu’à 50 ans, un tabagisme significatif était responsable d’environ 10 ans de différence d’âge, ce qui est majeur, et qui pourrait être un élément de motivation, surtout chez les femmes).
Aides au sevrage
Il est souvent intéressant de consulter votre médecin traitant, qui pourra vous donner des conseils ; ou de consulter en addictologie et une consultation dédiée à ce problème est disponible à la clinique Charcot (clinique-charcot.fr). Vous pouvez également avoir des assistances téléphoniques (tabac-Info-Service au 3989). Votre médecin pourra vous prescrire, à titre transitoire, des aides par des substitues nicotiniques. D’autres thérapeutiques douces peuvent être prescrites comme l’homéopathie, l’hypnose, l’acupuncture ou l’auriculothérapie. Le point important dans l’efficacité de l’arrêt du tabac est la motivation. Si vous êtes très motivée par votre intervention de chirurgie plastique, il y a de fortes chances que vous réussissiez votre sevrage tabagique. Il faudra simplement bien tenir sur la durée et surtout, ne pas se laisser tenter, même de façon anecdotique par une cigarette, même lors d’un évènement particulier, comme un mariage ou une soirée particulière.
Conclusions
Le tabagisme est un véritable problème de santé publique qui est encore sous-estimé à l’heure actuelle, et beaucoup de gens se rassurent en disant qu’ils ne fument que « deux ou trois cigarettes » , mais, même ces deux ou trois cigarettes sont réellement toxiques pour l’organisme et peuvent entrainer des complications.
Lorsqu’on a un projet d’intervention de chirurgie plastique, il faut absolument prévoir un arrêt complet du tabac un mois avant l’intervention et un mois après l’intervention et si possible définitivement par la suite.
Il faut, en effet, profiter de l’intervention de chirurgie plastique et de sa motivation pour arrêter de fumer ; et l’arrêt à long terme constitue un élément de prévention du vieillissement. Cela peut constituer un élément supplémentaire de motivation. Il faut ne pas hésiter à se faire aider auprès de son médecin traitant, et éventuellement d’un addictologue, pour réussir cet arrêt du tabac, pour la chirurgie plastique, et ensuite si possible l’arrêt à long terme pour la santé globale.
DR. EMMANUEL DELAY
50 RUE DE LA RÉPUBLIQUE
69002 – LYON
FRANCE
04 72 56 07 06