Le lipomodelage en chirurgie réparatrice: 2 nouveaux codes pour la prise en charge par l’assurance Maladie
Le lipomodelage du sein est enfin reconnu par l’Assurance Maladie, et l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie, par une décision du 24 juillet 2017, a émis deux codes concernant cette intervention, intitulée dans la CCAM : Autogreffe de tissu adipeux au niveau sein (QEEB317, QEEB152). Il s’agit d’un progrès important pour les patientes qui bénéficieront d’une chirurgie réparatrice avec l’utilisation du lipomodelage du sein et des transferts graisseux au niveau des seins.
Le lipomodelage du sein a bouleversé les indications de la chirurgie réparatrice du sein. Nous avons développé cette technique en 1998, et progressivement exploré les différentes indications de cette intervention. Il est maintenant acquis qu’il s’agit d’une technique indispensable en reconstruction mammaire, dans le traitement des séquelles du traitement conservateur du sein, et dans le traitement des malformations du sein.
Suite à une expertise de l’HAS (janvier 2015), qui a confirmé l’efficacité remarquable de cette technique, sa fiabilité, et sa sécurité, l’Assurance Maladie a mis en place deux codes spécifiques pour le lipomodelage du sein, appelé dans la CCAM : autogreffe de tissus adipeux au niveau du sein. La décision, en date du 24 juillet 2017, de l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie, relative à la liste des actes et prestations pris en charge par l’Assurance Maladie est parue au Journal Officiel n° 0203 du 31 août 2017. En conséquence, cettedécision permettra d’appliquer ces codes à compter du 1er octobre 2017. Les indications sont les cas thérapeutiques dans le cadre de la chirurgie réparatrice du sein: reconstruction mammaire après mastectomie partielle ou totale ; asymétrie majeure nécessitant une compensation dans le soutien-gorge ; syndromes malformatifs (seins tubéreux et syndrome de Poland). Une formation spécifique est requise pour utiliser ces codes, et nécessite, en plus de la formation initiale pour les médecins n’ayant pas été formés à cette technique durant leur cursus, une formation spécifique. Il va de soi, que les actes à visée esthétique, ne peuvent pas être facturés à l’Assurance Maladie.
Les deux codes sont QEEB317 pour l’ Autogreffe de tissu adipeux au niveau du sein de moins de 200 cc, remboursée 128 euros, et 118 euros pour le médecin anesthésiste ; et le code QEEB152 pour l’Autogreffe de tissu adipeux au niveau du sein égale ou supérieure à 200 cc, acte remboursé sur la base de 302 euros, et 145 euros pour le médecin anesthésiste.
En tant qu’initiateur, pionnier, puis promoteur de cette technique, nous nous réjouissons de ces codes qui clarifient la prise en charge de cette intervention par l’Assurance maladie, car cette intervention a constituéun progrès majeur pour les patientes en chirurgie réparatrice du sein. La mise en place de la technique a eu lieu dans notre équipe en 1998, et après de nombreux obstacles qu’il a fallu contourner ou franchir, et après de nombreuses études scientifiques réalisées prouvant la validité, la sécurité et l’apport majeur de cette technique,nous sommes vraiment très heureux que l’Assurance Maladie ait enfin reconnu l’apport de cette intervention, et ait mis en place un remboursement spécifique, ceci grâce à l’implication et la contribution fortes de toutes les instances professionnelles du Directoire des chirurgiens Plasticiens, et des experts qui ont participé aux évaluations.
Nous les remercions chaleureusement pour leur travail et leur soutien pour obtenir ce succès pour les patientes et la profession des Chirurgiens Plasticiens. Nous regrettons cependant que le remboursement soit aussi faible, largement au-dessous du prix de revient. Cela est probablement dû à descontraintes budgétaires que l’on comprend bien. Le budget de la santé, du fait de la démographie et du fait des progrès de la médecine, devrait croître chaque année de 4% par an pour simplement équilibrer le budget, or le budget alloué pour la santé est malheureusement contraint à 2,5% d’augmentation par an ; ce qui entraine, de fait, une non réalité dans la prise en charge des actes. Il est dommage que la chirurgie plastique et réparatrice soit toujours une variable d’ajustement, dans ces problèmes de contraintes budgétaires. Ce remboursement assez faible obligera, en pratique libérale, aux « dépassements d’honoraires » (qui sont en fait des honoraires justes, correspondant au travail réalisé) et donc, augmentera d’autant le reste à charge pour les patientes. En pratique hospitalière, il entraine une activité peu rémunératrice, qui peut pénaliser les services hospitaliers de chirurgie plastique et reconstructrice, déjà peu nombreux.
L’apport majeur de la Chirurgie Réparatrice, à la santé physique et psychologique de nos patientes et au bien-être et au bonheur de nos semblables, devrait être mieux connu et plus justement évalué. C’est probablement à nous, Chirurgiens Plasticiens, de mieux faire connaitre notre travail, ainsi que l’impact et la puissance thérapeutiques de nos interventions, afin que la Société (et donc l’Assurance Maladie) considère plus justement notre travail, que, fort heureusement, les patientes apprécient beaucoup.
Quoi qu’il en soit, nous devons nous réjouir et féliciter les décideurs pour la mise en place de ces deux codes, qui représentent une très bonne nouvelle pour nos patientes.
Le lipomodelage en chirurgie réparatrice: 2 nouveaux codes pour la prise en charge par l’assurance Maladie
Le lipomodelage du sein est enfin reconnu par l’Assurance Maladie, et l’Union Nationale des Cais